Cituation du mois de juillet 2019 (Cituation #36) :

« Ces différentes descriptions, portant sur ma place, mon passé, mes entours, ma mort et mon prochain, n’ont pas la prétention d’être exhaustives, ni même détaillées. Leur but est simplement de nous permettre une conception plus claire de ce qu’est une « situation ». Grâce à elles, il va nous être possible de définir plus précisément cet « être-en-situation » qui caractérise le pour-soi en tant qu’il est responsable de sa manière d’être sans être fondement de son être. (…/…)
Ma position au milieu du monde, définie par le rapport d’ustensilité ou d’adversité des réalités qui m’entourent à ma propre facticité, c’est-à-dire la découverte des dangers que je cours dans le monde, des obstacles que je peux y rencontrer, des aides qui peuvent m’être offertes, à la lueur d’une néantisation radicale de moi-même et d’une négation radicale et interne de l’en-soi, opérées du point de vue d’une fin librement posée, voilà ce que nous nommons la situation. »

Jean-Paul Sartre, L’être et le néant, p. 720, Editions Gallimard, Paris, 1946.

Dans cette rubrique Cituations, nous avons balayé ces derniers mois les différentes structures de la situation selon Sartre : ma place, mon passé, mes entours, mon prochain. Même s’il y en a une qui n’a pas été mentionnée ici, ma mort (situation-limite, « néantisation toujours possible de mes possibles »), nous sommes sûrement prêts pour une nouvelle définition de la situation

Dans la définition ci-dessus (dans laquelle au passage, le lecteur qui n’a pas lu les 720 premières pages de L’être et le néant peut, en toute approximation, remplacer le terme néantisation par distanciation, objectivation, recul), le terme le plus important selon moi est le mot fin. Et ce ne sera pas une surprise pour le lecteur assidu…

La fin est tellement fondamentale dans la situation, qu’elle n’est pas une structure pour Sartre. Elle est transverse aux structures. Elle ne fait pas partie du donné, puisqu’elle est librement posée. Elle est (d’une dimension) orthogonale au donné.

« La situation n’existe qu’en corrélation avec le dépassement du donné vers une fin. Elle est la façon dont le donné que je suis et le donné que je ne suis pas se découvrent au pour-soi que je suis sur le mode de ne l’être-pas. Qui dit situation dit donc « position appréhendée par le pour-soi¹ qui est en situation ». Il est impossible de considérer une situatiodu dehors : elle se fige en forme en soi. En conséquence, la situation ne saurait être dite ni objective ni subjective, encore que les structures partielles de cette situation (la tasse dont je me sers, la table sur laquelle je m’appuie, etc.) puissent et doivent être rigoureusement objectives. »

Jean-Paul Sartre, Ibidem, p. 720.
¹ Le lecteur qui n’a pas lu les 720 premières pages de L’être et le néant peut, en toute approximation, remplacer le terme « pour-soi » par « conscience ».

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