Cituation du mois d’août 2019 (Cituation #37) :

« Si la situation n’est ni subjective ni objective, c’est qu’elle ne constitue pas une connaissance ni même une compréhension affective de l’état du monde par un sujet ; mais c’est une relation d’être entre un pour-soi et l’en-soi qu’il néantise. La situation, c’est le sujet tout entier (il n’est rien d’autre que sa situation) et c’est aussi la « chose » tout entière (il n’y a jamais rien de plus que les choses). C’est le sujet éclairant les choses par son dépassement même, si l’on veut ; ou c’est les choses renvoyant au sujet son image. C’est la totale facticité, la contingence absolue du monde, de ma naissance, de ma place, de mon passé, de mes entours, du fait de mon prochain – et c’est ma liberté sans limites comme ce qui fait qu’il y a pour moi une facticité. »

Jean-Paul Sartre, L’être et le néant, p. 721, Editions Gallimard, Paris, 1946.

Nous arrivons au terme de notre grande aventure « La situation selon Sartre ». Finalement Sartre, aura cherché à plusieurs reprises à définir ce qu’il entend par situation. Est-ce qu’avec ces multiples définitions, le concept conserve toute sa cohérence ? Par exemple, dans la cituation du mois, comment la situation peut-elle être à la fois le sujet tout entier et les choses elles-mêmes ? Mais c’est justement le concept lui-même qui présente ces caractéristiques ! Et elles sont exprimées par Sartre dans son style si personnel, poétique et précis (dans la terminologie qu’il a définie), avec un sens avéré de la formule, et aussi souvent une forme de provocation pour titiller l’esprit du lecteur avec des renversements et des contrepieds que démontrent l’utilisation régulière de l’expression « à la fois ».

Un autre exemple de définition de la notion de situation par Sartre :

« Aussi bien ne s’agit-il pas pour nous de montrer le pour-soi comme libre fondement de son être : le pour-soi est libre mais en condition, et c’est ce rapport de la condition à la liberté que nous cherchons à préciser sous le nom de situation. »

Jean-Paul Sartre, Ibidem, p. 685.

Plutôt que de construire un nouveau terme – et Sartre ne se prive pas de cela en général (pour-soi, en-soi, néantisation, etc…) – il a préféré utiliser un terme courant et extrêmement concret, (finalement une situation est un instantané d’existence, qui parle à tout le monde) pour mieux permettre au lecteur d’appréhender le concept de liberté.

Indépendamment de la terminologie retenue, le concept est extrêmement riche et convaincant. Ce que je retiens du concept du situation selon Sartre (osons…), c’est qu’il s’agit à la fois du lieu et de l’instant du surgissement et de l’exercice de la liberté (et dans exercice de la liberté, il faut inclure la détermination ou la confirmation d’une fin). C’est le moment présent : la rencontre entre la conscience et le monde (le pour-soi et le donné).

Continuons dans l’audace, faisons-nous plaisir et proposons le tableau suivant qui met en correspondance notre modèle, les concepts sartriens tels que nous les avons compris et les objets informatiques présents dans EdiNoS :

Les trois dimensions

de la situation

Sartre,

L’être et le néant

Les objets

dans EdiNoS

Un projet (un objectif,
un but)

La fin La situation initiale (noS initial) ne contient rien d’autre que le projet

Un état du monde

La place, les entours, le passé (intégré) : le donné La Mémoire de Travail (ensemble des faits)

Une étape (dans la réalisation du projet)

La situation (l’instant, l’exercice de la liberté d’une
personne)
La situation courante (noS courant)

 

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