Cituation du mois d’octobre 2015 (Cituation #2) :

“La situation factuelle implique l’acte interprétatif d’un sujet : l’acte de situer. Situer, c’est mettre une forme intelligible (un ensemble de rapports) dans l’expérience temporelle multiple et muette, c’est mettre en perspective une multiplicité désordonnée et confuse. Toute situation est donc l’éclairage des faits à partir d’un sens constitué par l’intérêt de celui qui en parle.”

Jean-François Robinet, article « Situation », dans Encyclopédie Philosophique Universelle, Dictionnaire des notions philosophiques, Tome 2, Presses Universitaires de France, 1990.

La situation n’est pas une notion objective. Même si dans le langage courant nous utilisons souvent le terme situation pour désigner une description du monde que l’on souhaiterait indiscutable et partagée, il faut reconnaître la subjectivité de tout cela…

Jean-François Robinet parle « d’éclairage des faits » : cet éclairage est donné par le sujet (puisque nous sommes là dans le domaine de la philosophie), donc dépend du sens qu’il donne à l’ensemble, de son intérêt, mais aussi, très concrètement dans notre contexte – plus bas niveau – où l’on cherche à prescrire des connaissances opératoires, d’un objectif (ou but à atteindre).

La situation n’est pas la réalité… Et dans d’autres cituations du mois, j’espère avoir l’occasion de montrer comment dans la vie courante, l’utilisation du terme situation laissant penser qu’il s’agit d’une simple référence à un ensemble de faits objectifs, doit être en réalité complétée par des informations implicites subjectives pour définir véritablement la situation.

Une situation est plus qu’une information. Si je dis simplement « Je suis dans le bus », c’est un fait. Si je dis « Je suis dans le bus pour aller à la gare », c’est une situation (il y a un but explicité).

Si je dis maintenant « L’autre jour, j’étais dans le bus, quand quelqu’un est monté, déguisé en ours ! », il s’agit d’une circonstance, d’un fait passé : si je me mets à utiliser le terme situation pour désigner cet épisode, je laisse entendre autre chose… Comme « que convient-il de faire si cet épisode ou un épisode similaire se reproduit ? », ce qui n’a pas vraiment d’intérêt en l’occurence… Mais ceci montre qu’on associe facilement situation à action et apprentissage…

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