Cituation du mois de mai 2018 (Cituation #22) :

« C’est à ce moment-là qu’un type intelligent aurait garé le Suburban au bout de la route et attendu les renforts, et c’est ce que j’envisageai. ll faudrait des heures pour que mon équipe arrive ici, si elle y parvenait, et j’avais en tête qu’un agent fédéral et un convoyeur étaient retenus en otages. J’appliquai la règle simple selon laquelle on pouvait prendre des décisions stupides quand on se trouvait dans ce genre de situations : si j’étais là-bas, est-ce que je ne voudrais pas que quelqu’un vienne à ma recherche ?

Ouaip. »

Craig Johnson, Tous les démons sont ici, p. 88, Gallmeister, 2015.

On aimerait toujours avoir un mode d’emploi auquel se référer, qui nous dise quoi faire, selon les situations… Cela est nécessaire pour certaines activités professionnelles. Mais dans la vie tout court, quel sens cela pourrait-il avoir ? Cela éviterait peut-être les conflits intérieurs (mais également la réflexion… et l’exercice de la liberté ?). En l’occurence le « manuel officiel du parfait shérif » stipulerait au shérif Longmire, héros des romans de Craig Johnson, de ne pas s’exposer seul face aux méchants lorsqu’il peut attendre les renforts, de ne pas risquer sa vie inutilement (« décision stupide » pour ses proches, mais peut-être pas pour les otages…). Ce n’est pas la première fois que Walt Longmire fait ce type de choix, et c’est ce qui fait de lui un héros. En matière de comportement individuel, heureusement que ce genre de manuel n’existe pas et que nous pouvons librement exercer notre liberté (décider de risquer d’être un héros ou pas). Pour autant, on peut penser que nous avons tous notre propre manuel dans notre tête, constitué à partir de nos expériences, mis à jour et à l’épreuve en permanence : les situations ont une place centrale dans ce manuel…

Revenons un instant sur l’expression « genre de situations » employé par le narrateur : la catégorisation des situations est un processus nécessaire pour la prise de décision. Elle permet d’abstraire et de réduire la situation courante à ses caractéristiques essentielles. Cette situation simplifiée peut ensuite être rapportée, comparée à une situation analogue déjà vécue ou « connue », à laquelle les actions adéquates sont éventuellement attachées dans notre tête.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Current ye@r *