Cituation du mois d’avril 2020 (Cituation #45) :

« Sous l’influence des émotions sociales (de la sympathie et de la honte à l’orgueil et à l’indignation) et de celles qui sont induites par une punition et une récompense (variantes de la tristesse et de la joie), nous catégorisons progressivement les situations que nous vivons – la structure des scénarios, leurs composantes, leur signification en termes de récit personnel. Surtout, nous connectons les catégories conceptuelles que nous formons – mentalement et au niveau neural associé – avec l’appareil cérébral qui sert à déclencher les émotions. Par exemple, différentes options d’action et différents résultats futurs deviennent associés à différentes émotions / sentiments. En vertu de ces associations, lorsqu’une situation correspondant au profil d’une certaine catégorie est revisitée dans notre expérience, nous déployons rapidement et automatiquement les émotions qui conviennent.  »

Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison, Joie et tristesse, le cerveau des émotions, p. 155, Editions Odile Jacob poches, Paris, 2005.

Les passionnants travaux d’Antonio Damasio montrent comment notre intelligence s’appuie sur les émotions et les sentiments. Et la cohabitation dans notre cerveau entre émotion et raison se passe bien :

« Le signal émotionnel n’est pas un substitut du raisonnement proprement dit. Il joue un rôle auxiliaire et accroît l’efficacité du processus de raisonnement et l’accélère. Parfois, il peut même rendre le raisonnement presque superflu, comme lorsque nous rejetons immédiatement une option qui causerait un désastre ou, au contraire, lorsque nous nous précipitons sur une occasion favorable sur la base d’une forte probabilité de succès. »

Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison, Joie et tristesse, le cerveau des émotions, p. 157, Editions Odile Jacob poches, Paris, 2005.

Nous ne connaissons qu’un seul type de véritable intelligence : la nôtre, l’intelligence humaine (mais aussi animale). Et cette intelligence, qui nous permet de survivre (grâce à des processus homéostatiques chers à Antonio Damasio et sur lequels nous reviendrons le mois prochain), a besoin de l’émotion et du sentiment :

« L’élimination de l’émotion et du sentiment de ce qui fait l’humain entraîne un appauvrissement de l’organisation subséquente de l’expérience. Si les émotions et les sentiments sociaux ne se développent pas convenablement et si la relation entre les situations sociales et la joie et la tristesse est rompue, l’individu ne peut catégoriser l’expérience des événements dans sa mémoire autobiographique selon un indice qui confère une valeur « bonne » ou « mauvaise » à ces expériences. Cela empêche toute construction ultérieure des notions de bien et de mal, à savoir l’édification culturelle raisonnée de ce qu’il faut considérer comme bien et comme mal, vu les effets bons ou mauvais produits. »

Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison, Joie et tristesse, le cerveau des émotions, p. 168, Editions Odile Jacob poches, Paris, 2005.

Mais au fait, pourquoi Spinoza ?

« Pour faire court, je pourrais dire qu’il (Spinoza) est parfaitement pertinent pour toute discussion sur l’émotion et le sentiment humain. Il voyait dans les besoins, les motivations, les émotions et les sentiments – tout l’ensemble de ce qu’il appelait affectus (affects) – un aspect central de l’humanité. La joie et la tristesse représentaient deux concepts cardinaux dans sa tentative pour comprendre l’être humain et suggérer comment mieux vivre. »

Antonio R. Damasio, Spinoza avait raison, Joie et tristesse, le cerveau des émotions, p. 15, Editions Odile Jacob poches, Paris, 2005.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Current ye@r *