Cituation du mois d’octobre 2020 (Cituation #50) :

« L’intelligence est, selon nous, l’art d’aller droit au but, au cœur des choses, à l’essentiel, rapidement et de manière fiable. C’est, face à une situation nouvelle, l’art de mettre le doigt, avec souplesse et assurance, sur un précédent (ou une famille de précédents) stockés en mémoire. Cela veut dire ni plus ni moins que la capacité d’isoler le noyau d’une situation nouvelle. Et cela, à son tour, n’est rien d’autre que la capacité de trouver des analogies fortes et utiles. »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 157, Odile Jacob, Paris, 2013.

Revenons pour quelque temps sur le livre L’analogie déjà cité dans les cituations #1 et #4. Ce livre passionnant et, osons le mot, fondamental, défend l’idée que catégorisation et analogie sont une seule et même chose et que ce processus est au coeur de la pensée :

« Une thèse centrale de ce livre est que les analogies envahissent chaque moment de notre pensée et en constituent l’indispensable moteur. Toute catégorie mentale est le résultat d’une longue série d’analogies qui relient des entités – des objets, des actions, des situations – séparées dans le temps et l’espace. Ces analogies dessinent un contour flou à toutes les catégories, leur conférant une souplesse cruciale pour la survie et le bien-être de la personne qui les a construites. Elles lui permettent de penser et d’agir dans des situations jamais rencontrées auparavant, la nantissent de nouvelles catégories à foison, enrichissent ces catégories en les étendant sans cesse, guident sa perception des situations grâce à leurs encodages à divers niveaux d’abstraction de ce qui a lieu dans l’environnement, et l’aident à effectuer des sauts mentaux imprévisibles et puissants. »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 169, Odile Jacob, Paris, 2013.

La perception d’une situation est un moment clé, dans lequel idéalement il faudrait distinguer les aspects superficiels ou contingents des caractéristiques saillantes ou profondes de la situation qu’il faut mémoriser afin de pouvoir, dans le futur, tirer pleinement parti de l’expérience de cette situation.

« Les situations de la vie quotidienne ne sont pas livrées détachées de leur contexte et présentées dans de beaux cadres tout faits, cest-à-dire avec des frontières précises qui les découpent nettement du reste du monde. En revanche, nous filtrons notre environnement en le traitant partiellement et partialement. Chacun détermine pour soi où se trouvent les limites d’une situation et quels en sont les ingrédients clés, en suivant un enchaînement ultrarapide de jugements subtils, qui n’est évidemment pas effectué consciemment : nous encodons des situations à tout bout de champ selon des dimensions qui, ultérieurement, détermineront quels événements nous conduiront à les évoquer. »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 200, Odile Jacob, Paris, 2013.

« Dans le monde réel, on ne peut évidemment pas prendre en compte les caractéristiques les plus détaillées d’une situation ; on est même obligé d’ignorer la presque totalité de ce qui compose chaque situation à laquelle on fait face. Cela veut dire que, lorsqu’on mémorise une situation, on en fait toujours un encodage sélectif : chaque expérience vécue se trouve dépouillée jusqu’à la caricature. »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 419, Odile Jacob, Paris, 2013.

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