Cituation du mois de janvier 2021 (Cituation #53) :
Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 608, Odile Jacob, Paris, 2013.« (…/…) il n’y a rien de plus omniprésent dans la pensée, ni de plus essentiel, que l’assignation d’entités et de situations à des catégories familières. Nous devons continuellement découper le monde pour le simplifier ; c’est une nécessité pour ne pas nous retrouver démunis devant la singularité de chaque instant, de chaque situation, qui diffère toujours, ne serait-ce que de manière infime, de ce qui a déjà été vécu. »
L’analogie, la catégorisation, l’abstraction sont selon Douglas Hofstadter et Emmanuel Sander un seul et même processus cognitif, un processus central et vital…
Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 314, Odile Jacob, Paris, 2013.« L’être humain sait, et a besoin de s’affranchir de certaines particularités pour détecter des points communs, et il s’appuie sur cette capacité d’abstraction pour mobiliser ses connaissances passées lorsqu’il est confronté à une situation nouvelle. L’abstraction est donc avant tout l’outil quotidien du commun des mortels pour cheminer entre catégories et pour, tout simplement, percevoir le monde et interagir avec lui. »
L’expert d’un domaine est celui qui a construit un grand nombre de catégories sur le sujet, ce qui lui permet, plus facilement qu’un novice, d’identifier la catégorie pertinente.
Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 303, Odile Jacob, Paris, 2013.« En changeant sa catégorisation de certains aspects d’une situation, une personne change son regard sur cette situation. L’expert est celui qui est capable d’avoir suffisamment de regards pour en adopter un qui convient pour chaque situation qu’il rencontre. Les catégories spécifiques lui sont précieuses parce qu’elles lui permettent de distinguer entre différentes situations et qu’elles lui fournissent les informations les plus précises possible. Les catégories abstraites lui sont précieuses parce qu’elles lui permettent d’embrasser large et de percevoir une essence, un squelette conceptuel. En résumé, les catégories spécifiques permettent d’être précis, alors que les catégories abstraites permettent d’être profond. Précision et profondeur sont les deux mamelles de l’expertise. »
Il n’est pas juste de dire que la pensée de l’expert serait logique alors que celle du novice serait analogique :
Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 474, Odile Jacob, Paris, 2013.« Or l’expertise ne conduit pas à un changement de mode de pensée évinçant l’analogique au profit du logique. En effet, l’expertise s’acquiert en développant et en organisant des catégories (…/…). À défaut d’une perception formelle des situations, l’être humain a la capacité de traiter la nouveauté comme du connu à travers la catégorisation. Acquérir des connaissances, c’est construire des catégories pertinentes. L’analogie sert à comprendre les situations et à se représenter les notions, et cela à tous les niveaux, pour le débutant le plus ignorant comme pour l’expert le plus aguerri. Ce qui distingue l’un de l’autre n’est pas le mode de pensée – que l’on pourrait imaginer logique pour l’expert et analogique pour le débutant -, mais les différentes catégories sur lesquelles l’un et l’autre se fondent pour penser, ainsi que la manière dont ces catégories sont organisées pour l’un et pour l’autre. »