Cituation du mois de février 2021 (Cituation #54) :

« La seule manière pour prendre des décisions, qu’elles soient cruciales ou futiles, est de recourir à des analogies faites avec un éventail de situations précédentes (vécues à la première personne ou par procuration) évoquées par la situation actuelle. »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 399, Odile Jacob, Paris, 2013.

La prise de décision est un processus qui recourt à l’analogie, sur la base de l’encodage que chacun a fait de ses expériences passées. Pour les auteurs, analogie, catégorisation et abstraction sont des mécanismes similaires.

« Rappelons que l’abstraction est la manière d’englober deux entités concrètes différentes. Si une situation nous en rappelle une autre ou si une expression imagée, voire incarnée, nous vient à l’esprit dans une certaine situation, c’est parce que nous avons la capacité de relier entre eux des éléments concrets, ce qui n’est rien d’autre qu’une capacité d’abstraction. »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 350, Odile Jacob, Paris, 2013.

Mais les événements vécus ont été mémorisés d’une certaine « manière », liée au contexte, à notre état d’esprit ou à nos buts au moment où l’événement a eu lieu. C’est toute la différence entre un événement (objectif) et une situation vécue (subjective) : 

« (…/…) on ne conserve pas en mémoire le recueil « objectif » des événements passés, parmi lesquels on partirait à la pêche lorsqu’une situation nouvelle survient : les événements font plutôt l’objet d’un encodage sémantique. Les situations sont formatées dans notre mémoire par nos concepts ; nous les percevons et les mémorisons à travers eux. Les évocations sont rendues possibles parce que certains aspects de la situation vécue ont été repérés et mémorisés lors de l’encodage initial de cette situation. »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 214, Odile Jacob, Paris, 2013.

Une des difficultés de l’apprentissage est dans cette « incarnation » de la connaissance : chacun a eu l’occasion d’expérimenter qu’un apprentissage purement formel est rarement suffisant et que la « pratique » est nécessaire pour établir les connexions avec les concepts construits par le sujet et les situations antérieures vécues : 

« Enfin, une description formelle d’un domaine de connaissance ne reflète pas la nature des connaissances qui permettent à un être humain de penser ce domaine. La structure formelle des situations n’est pas ce que l’être humain préfère manier : quand on se trouve face à une nouvelle situation, on privilégie une approche non formelle. Apprendre, ce n’est donc pas construire des structures mentales formelles, mais construire de nouvelles catégories et raffiner des catégories déjà établies.

La familiarité est l’une des clés de l’analogie pour la simple raison qu’une personne, pour faire face de la meilleure façon possible à l’inconnu, privilégie ce qu’elle connaît bien. Nous ne parlons pas là d’un choix conscient, mais d’un processus inconscient qui domine les relations de chacun avec son environnement. Ce processus analogique constitue donc le fondement même de la compréhension du monde et des situations auxquelles nous sommes amenés à faire face.  »

Douglas Hofstadter, Emmanuel Sander, L’analogie, coeur de la pensée, p. 470, Odile Jacob, Paris, 2013.

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